Tamura Nobuyoshi - Profil d'un shihan

Hommage à Tamura Senseï, rendu par Chiba Senseï



Aikido Shinbun (合気道新聞) qui signifie « Journal d’Aïkido » est un bulletin mensuel publié par l'Aïkikaï Hombu dojo depuis 1959. Dans le numéro paru le 3 mars 1977, la rubrique « Profil d’un shihan » fut rédigé par Chiba Kazuo Senseï, célèbre professeur d’Aïkido, qui l'a développé principalement en Angleterre et aux USA.


Chiba Senseï, uchi deshi du fondateur de l’Aïkido de 1958 à 1965, possède la réputation d’un Aïkido dur, voire violent, c’est du moins ce que j’ai souvent entendu dire, ne l’ayant jamais rencontré. Il semble avoir depuis toujours éprouvé une immense admiration pour celui qui fut son senpai, Tamura Nobuyoshi senseï. 

L’article qui suit en est une illustration.


L’autre jour (1977) au Hombu dojo, j’ai appris que l’équipe de Aïkido Shinbun avait des difficultés à rédiger l’article « Profil d’un Shihan ». Bien que cela me semblât présomptueux, j’offris mon aide pour cette immense tâche où il s’agissait de présenter mes anciens camarades qui sont désormais en activité à l’étranger.
En 1955, parmi les uchi deshi, mon senpai était sans aucun doute Tamura shihan qui vit maintenant en France et qui dirigeait le groupe à l’époque. On le surnommait au sein de la communauté Aiki, « Le Prince », beau garçon qu’il était avec une attitude douce influençant quiconque l’approchait.


Bien qu’il bénéficiât d’une très bonne réputation, il existe une anecdote concernant un douloureux incident que j’ai personnellement expérimenté et que je dois mentionner en évoquant Tamura senseï.


En février 1958, dans l’air sec d’un hiver rigoureux, peu de temps après être devenu uchi deshi, j’ai eu l’opportunité de pratiquer avec lui.
Bien que cela me dépassât complètement, j’obéis à sa demande. J’ai tenté de l’attaquer de face mais il exécuta un tel atemi (j’étais si innocent à l’époque que c’est ainsi que je l’ai considéré) qu'il me submergea de douleur et me tira des larmes de colère. C'est bien Lui qui me fit cela !


Au cours de mes sept longues années d'uchi deshi, je n’ai jamais vu un shihan pratiquer si dur et avec une telle exubérance. Si je dis cela, je suis certain que beaucoup seront surpris, mais c’est la véritable raison pour laquelle je le tiens en si haut respect. Il ne s’entraîne pas ainsi pour capter l’attention des gens. Sa vie quotidienne et son entraînement forment un tout. On peut dire qu’il est le rare type d’individu qui montre son véritable esprit dans sa vie quotidienne.


Plus d’une fois, j’ai été effrayé d’apercevoir le tranchant d’un sabre dans ses douces manières de tous les jours et dans son comportement lumineux, plein d’esprit. Il possède une solide maîtrise de soi et une persévérance qui lui interdisent de reporter sa colère sur autrui. De même, il n’impose jamais son opinion à ses élèves, préférant employer la méthode pédagogique qui consiste à apprendre par l’expérience. C’est quelqu’un de strictement réaliste : quand quelque chose peut être compris directement dans une technique, il ne se réfère jamais à la nature spirituelle ou philosophique de l’Aïkido.


L’Aiki de ce shihan est fondé sur un idéal réaliste qui a mûri au cours des années, Il exécute fidèlement ce que le Fondateur évoquait. Cela transparaît dans tous les mouvements de l’Aïkido, particulièrement dans celui de Tamura senseï qui a atteint un haut degré de maturité. C'est très précieux pour conserver l’essence de l’Aïkido du Fondateur dans ses dernières années.


Et pour cela, nous ne pouvons qu’éprouver du respect à son égard. note : A ce sujet Maître Tamura nous disait : « Il est inutile d'expliquer. Vous ne pouvez pas comprendre ce que vous ne savez pas faire ! Quand vous connaîtrez la technique, vous la comprendrez ! »


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