Osoji, le grand nettoyage


Le dimanche 26 décembre 2010 fut pour moi l’occasion de me rendre pour ma première fois dans la petite ville d’Iwama, bourgade de campagne dont le nom ne doit pas être inconnu aux pratiquants d’aikido. C’est en effet dans cet endroit que le fondateur, O sensei, se retira au cours de la guerre pour cultiver la terre et pour développer de façon importante sa pratique.
Il fit bâtir à Iwama un dojo qui existe encore de nos jours, et qui constitue actuellement la branche Aikikai de la préfecture Ibaraki au Japon, ainsi qu’un peu plus tard, un sanctuaire Shinto, dit Aiki Jinja.


Aiki Jinja


Cette fin d’année annonce dans bon nombre d’institution au Japon et notamment les dojo d’arts martiaux la réalisation de ce que l’on nomme Osoji, 大掃除, littéralement le grand nettoyage, un peu comme chez nous au Printemps à ceci près que la glace remplace la rosée dans les herbes…enfin on se couvre et on se met au travail…
En parfaite adéquation avec le concept Misogi du shinto, le nettoyage du lieu est au Japon aussi habituel que l’usage que l’on peut faire de ce lieu.
Pour donner un exemple de cette culture, près de mon travail, on peut voir très
régulièrement les cadres d’un banque sortir de bon matin, en costume-cravate, pour passer un coup de balaie sur les trottoirs environnant leur établissement. Bref un carrefour entier est nettoyer par leur soin. J’imagine mal demander la même chose en France
Le monde du Budo et du Bujutsu n’échappe bien entendu à la règle, et il n’existe pas au Japon de pratique qui ne se termine pas par le nettoyage du leu de pratique. Pour ne citer que quelques lieux que je fréquente ou que j’ai fréquenté:
les cours du honbu dojo de l’aikikai se termine par un balayage ainsi que du
passage de l’aspirateur au Tendokan aikido de Shimizu sensei c’est un linge humide que l’on passe sur l’ensemble des tatami.


Tendokan


Les lieux de pratique de l’Aunkai se termine eux-aussi par une chasse à la poussière même quand une discipline doit recourir à un lieu public pour se pratiquer (gymnase scolaire, centre sportif, etc.), lieu qui possède son propre personnel d’entretien, ses adeptes se chargent du nettoyage des sols
Outre une hygiène des lieux, cela témoigne d’un respect pour son environnement et un travail sur soi, contre principalement, je dirais, l’esprit de paresse qui nous gagne tous par moment.
A cette notion de nettoyage quotidien, qui existe aussi dans les dojo de France je vous rassure, vient se rajouter celui de Grand Nettoyage (Osoji), qui à la manière japonaise s’effectue véritablement en profondeur.
Un phrase de quelqu’un apprenant que je venais à Iwama pour la première fois m’avait fait sourire: « Ah c’est dommage pour vous de venir ici pour la première et de devoir faire le ménage », ce à quoi je répondis que au contraire, pour vraiment découvrir un lieu, rien ne vaut un nettoyage de fond en comble.


Shinshin Aiki Shuren dojo à Iwama



Osoji consiste à nettoyer tout ce qui peut l’être. Outre le grand classique que représente les vitres, on démonte pratiquement l’ensemble du dojo, les cloisons japonaises, les étagères, etc., on vide les pièces de tout ce qui les encombrent, on nettoie du sol au plafond, on enlève si possible chaque tatami et on les lave un par un, bref, la main d’œuvre est vivement appréciée. On décrasse jusqu’aux ventilateurs suspendus au plafond.




Le dojo de Hitohira Saito sensei est un lieu vraiment magnifique, dédié à la pratique de l’aikido, et même si cela représente un travail considérable, c’est un plaisir de, en quelques sortes, remettre à neuf cet édifice.
Une partie des élèves présents allèrent également nettoyer le Shin Dojo, bâtiment situé face à l’Aiki Jinja et voisin à la fois de l’ancien dojo de O sensei et de la demeure de Saito sensei. Ce lieu sert désormais de résidence au Uchi Deshi.


Nettoyage du Shin Dojo



Cette journée fut un véritable plaisir quoiqu’un peu fatigante, jugez en par vous même: 

  • levée à 4h30, 
  • départ de Tokyo 6h30, 
  • arrivée à Iwama 8h, 
  • 9h pratique des armes dans une petite forêt environnante, 
  • 10h-13h Osoji, 
  • 13h après l’effort le réconfort, repas prit en commun au sein du dojo propre comme un sou neuf, 





  • 15h30, en route pour la maison de sensei afin de finir les restes
  • 18h…bah mince on a raté notre train !!!
  • 21h finalement de retour à la maison…plus très faim ni très soif

Mais rassurez-vous une bonne nuit de sommeil et j’ai bien récupéré car je suis capable de rédiger cet article

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