Ame no murakumo kuki samuhara ryu o

Dans le dernier ouvrage de Tamura Nobuyoshi, "Aikido - Etiquette et transmission", se basant sur une lettre de Shirata Rinjiro, un chapitre évoque le portrait de Ueshiba Morihei réalisé par l'artiste Joyo.
Sur les conseils du fondateur, Joyo s'inspira des légendes japonaises et le représenta sous la forme du Roi-Dragon, la divinité protectrice de ce dernier.
Ce kami a pour nom Ame no murakumo kuki samuhara ryu o (天の村雲九鬼さむはら龍主), ce qui est peut être traduit de manière littérale par "roi dragon plaine froide neuf démons amoncellement de nuages célestes".
Derrière ce nom complexe et à ralonge de Ame no murakumo kuki samuhara ryu o se cache en réalité plusieurs symbolismes. Au Japon, tout comme en Chine, le dragon est un esprit des eaux, on passe, pour l'anecdote, notamment du kanji Dragon 龍 ou 竜 à celui de la cascade 瀧 ou 滝 en y rajoutant la clé "eau".

Ce roi-dragon est un grand kami de la purification qu'il faut mettre en relation avec le kami Susanoo no mikoto, un kami turbulant et semeur de pagaille dans le monde céleste mais dont le bannissement sur le plan terrestre permit l'établissement de la dynastie de sa sœur, le kami solaire, Amaterasu Omi kami.
On peut concevoir Ame no murakumo kuki samuhara ryu o comme une force visant à éradiquer tout mal et à pacifier le monde.
Ame no murakumo, "amoncellement de nuages célestes" représente l'énergie universelle, Kuki, "les neuf esprits féroces" symbolise le royaume de la matière, Samuhara, "la plaine froide" la purification et Ryu o, "le roi-dragon" la puissance dynamique.
Il existe bien entendu de nombreuses autres interprétations de ce nom, car cela fait parti de l'ésotérisme japonais où enseignement bouddhiste et élément shinto fusionnent. Par exemple, Kuki fait référence aux atomes provenant de Onogoro shima, l'île primordiale dont sont issus les kami et les îles japonaises. On nomme cela le ki des neuf étoiles - blanc, noir, bleu, vert, jaune, blanc, rouge, blanc, violet.
Samuhara est cette force qui corrige, ajuste le ki de l'univers, évitant l'apparition de ki néfaste (Jaki), source de calamités. Par le biais du misogi, Samuhara purifie ces Jaki. Il arrivait â Ueshiba Morihei de calligraphier le terme Takemusu Aiki 武産合気 en y apposant la lecture samuhara. Le terme Samuhara, écrit en caractères chinois sert parfois de talisman.

Nozawa Joyo (野沢如洋), prénommé Michiharu à la naissance, fut un artiste célèbre de son époque. Né au sein du clan Hirosaki en 1865, il étudia tout d'abord auprès de Mikami Sennen, puis à l'âge de 28 ans se rendit à Kyoto pour suivre l'enseignement de Imao Keinen. Durant cette période, il fut de nombreuses fois récompensé par le Japan Art Association.
À 37 ans, il part pour la Chine et y passe 8 ans afin d'y étudier la peinture.
En 1914, il obtient même le suprême honneur de calligraphier pour le prince Chichibu.
Il reviendra sur Tokyo en 1919, présentant de nombreuses exhibitions pleine de succès. Il décédera finalement en 1937 d'une hémorragie cérébrale.