Kuroda Yasuji, le virtuose

Ce modeste article qui date déjà d'une dizaine d'année a pour modeste but de rendre hommage à Kuroda Yasuji, , grand-père et principal professeur du maître actuel Kuroda Tetsuzan.



 
Chef du dojo Shinbukan et des cinq écoles associées (Shishin Takuma-ryu Jujutsu, Komagawa Kaïshin-ryu Kenjutsu, Tamiya-ryu Iaïjutsu, Tsubaki Kotengu-ryu Bojutsu et Seigyoku Oguri-ryu Sakkatsujutsu) il était de la même génération que Ueshiba Morihei. Et tout comme le fondateur de l’Aikido, il était très respecté par ses pairs. Le grand Nakayama Hakudo, éminent expert de l’ère Showa qui entretenait des relations d’échange avec de nombreux budoka, disait être charmé par la technique de Kuroda Yasuji.




Ce dernier était capable de personnifier à l’époque Showa un niveau avancé de Riai du Kobujutsu. (NdT: Riai, fait référence à l’harmonisation des principes qui existent entre les différentes facettes des arts martiaux, pratique avec les différentes armes et à mains nues)


Kuroda Yasuji démontrant en compagnie d’une de ses élèves. Il s’agit ici de techniques de percussion au moyen du coude et de la tête.


Kuroda Yasuji naquit en 1897 dans la ville de Toyama, préfecture Toyama. Plus tard il utilisa également le prénom Tesshinsai. Il devint l’élève de son père, Kuroda Masakuni, à l’âge de 4 ans, en 1901. Trois ans après en 1904, il reçoit au côté de son père le prix impérial de la famille Arisugawa no Miya (NdT: une des quatre grandes branches de la maison impériale japonaise) après avoir démontré le sabre de l’école Komagawa Kaishin au cours d’un grand rassemblement du Nihon Butokuden à Kyoto.





Au cours des années qui suivent sa progression dans les cinq traditions familiales se poursuit. En 1909, il obtient le diplôme Mokuroku du Shishin Takuma ryu jujutsu et du Komagawa Kaishin ryu kenjutsu. En 1914, il reçoit le Mokuroku du Tamiya ryu iaijutsu et le Menkyo du Shishin Takuma ryu. Puis en 1916, il n’a alors pas encore 20 ans, le Mokuroku du Tsubaki Kotengu ryu bojutsu, le Menkyo du Komagawa Kaishin ryu et le Kaiden Inka du Shishin Takuma ryu. La même année, il ouvre un dojo citadin dans la préfecture Saitama, dans ce qui est l’actuel arrondissement Omiya de la ville de Saitama, dans la préfecture du même nom.

Les diplômes Mokuroku, Menkyo et Kaiden font bien entendu référence à de hauts niveaux de pratique.
En 1923, il est Menkyo en Tamiya ryu et en Seigyoku Oguri-ryu Sakkatsujutsu, et reçoit également deux rouleaux secrets, le Komagawa Kaishin ryu kenjutsu hiden no maki et le Otengu (Daitengu) ryu gokui no maki. (NdT: Otengu ryu, 大天狗流, je ne suis pas sur de ce à quoi cela fait référence).


Le dojo Shinbukan à Nakamachi à quelques minutes à pied de la gare d’Omiya. Kuroda Yasuji Tesshinsai pose au milieu de ses jeunes élèves. Dans le passé, la pratique avec shinai et armure existait, même si elle fut abandonné par la suite.



Dix ans après, il déménage son dojo dans le quartier de Nakamachi de l’arrondissement Omiya de la ville de Saitama. En 1940, il reçoit le titre de Renshi en Iaijutsu et en même temps le prix impérial de la famille Nashimoto no Miya (NdT: La plus ancienne branche dérivée de la plus ancienne des quatre grandes branches de la maison impériale japonaise) pour sa participation aux festivités du 2600ème anniversaire de l’ère impériale au Butokuden de Kyoto.
En 1944, il est nommé conseiller du bureau principal de l’association de promotion du Kobudo du Japon et obtient également le rang de 8ème dan Hanshi. On lui confie la direction de la section de Kendo de la branche de Saitama du Nihon Butokuden.
En 1946, les forces américaines interdisant la pratique de tout Budo-Bujutsu, il rend visite à l’armée d’occupation afin d’expliquer la quintessence du Budo japonais au directeur de la section éducation du commandement suprême des forces alliées (SCAP). En 1947, il invite les forces américaines au Hikawa jinja de la ville de Saitama et y organise pour la première fois depuis la fin de la guerre une grande démonstration de Budo. Il est ainsi le premier à permettre la renaissance du Kendo.
En 1955, Nakayama Hakudo lui décerne le titre de Hanshi en Iaido. Cette même année, il publie un ouvrage sur son école de sabre, « Komagawa Kaishin ryu kenjutsu kyosho ». Il meurt le 10 décembre 1976 à l’âge de 81 ans.


Kuroda Yasuji démontrant le dégainage lors d’un kata de l’école Tamiya ryu





Il existe bien entendu un certain nombre d’annecdotes concernant Kuroda Yasuji. Âgé d’une dizaine d’années, il était capable de couper d’un seul coup de sabre le tronc de 15cm de diamètre d’un plaqueminier.



Exercice d’ukemi caractéristique de l’école Shishin Takuma ryu. Lorsqu’on est poussé dans le dos, on tombe sur les deux mains et à l’instant du contact on se retourne


Enfant, il se rendait souvent dans un magasin de spiritueux pour acheter de l’alcool. Là se trouvait un grand chien qui aboyait et lui donnait la chasse dès qu’il passait devant. Un jour qu’il ouvrit la porte en bois de l’échoppe pour héler le propriétaire, le chien se rua brusquement sur lui. Il bondit face au danger tout en dégainant et décapita l’animal.


Un autre travail d’ukemi, en arrière cette fois.


Au cours d’une attaque de brigands sur le continent, il coupa en deux le fusil de son adversaire.


Kuroda Yasuji, âgé d’une quarantaine d’années démontre deux kamae du Komagawa Kaishin ryu


Il était capable de recevoir avec l’axe d’un éventail l’attaque d’un véritable sabre lui arrivant droit dessus. Il arriva une fois que l’axe se brisa. Il se blessa à l’épaule en protégeant son visage du danger (l’axe brisé, le sabre atteint le visage en un dixième de seconde)


Dans le passé, il était d’usage de disposer les récipients contenant des liquides tel un verre d’alcool ou un bol de thé sur la partie inférieure de la cuisse. Afin de ne rien renverser, on disait qu’il fallait poursuivre la pratique de la posture démontrée ici. Il s’agit de « Iaigoshi ». (NdT: pour information, le genou arrière, malgré les apparences n’est pas en contact avec le sol)Ajoutez une légende pour améliorer la signification de cette image.



La seconde posture démontré est ce que l’on nomme « Ichimonjigoshi ». Cet exercice est en étroite relation avec l’utilisation des hanches dans les bujutsu du Shinbukan.


Les clichés 9 à 12 datent de 1916, année où Kuroda Yasuji ouvrit un dojo à Omiya.




Le maître Nakayama Hakudo lui-même louait le haut niveau technique de Kuroda Yasuji en iaijutsu




A une occasion, il trancha d’un seul souffle deux épais Makiwara avec un sabre non tranchant. 

Il était capable de dégainer et de couper un shinai qui était envoyé en l’air. 

Il fut capable de se relever facilement tout droit alors qu’il était cloué au sol par cinq lutteurs (Rikishi).



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