Asobi geiko

L’un des apports de maître Kuroda Tetsuzan au programme de son école, le Shinbukan, est la création des Asobi geiko, des exercices éducatifs visant à acquérir et à développer les principes essentiels inclus dans les divers kata. A l’occasion de la sortie d’un DVD consacré aux Asobi geiko, le magazine Hiden de janvier 2014 proposait un article présentant ces diverses méthodes visant à comprendre par exemple Musoku, Ukimi, etc. Je vous propose aujourd’hui la traduction de cet article.





ASOBI GEIKO
Les samourai réussissaient à « effacer » leur propre mouvement pour atteindre une vitesse que l’on qualifierait de divine. Cette vitesse est d’une qualité totalement différente de la théorie sportive qui suppose au préalable un renforcement musculaire. Kuroda Tetsuzan sensei va ici définir, selon une théorie précise les éléments confirmant ce mouvement.


1. Juntai ho, la méthode du corps ordonné
2. Musok u no ho, la méthode d’absence de pas
3. Uk imi, le corps flottant
4. Chok usen no ugoki, le mouvement de la ligne directe
5. Hitochoshi no ugoki, le mouvement sur un seul rythme


Juntai no ho consiste à bouger le corps entier d’un seul tenant. Musoku est un mouvement qui utilise la force de chute, sans mettre de puissance dans les jambes, sans frapper le sol. Ukimi est un arcane du Iaijutsu. C’est une état où on « flotte » auquel on s’exerce en étant assis. Chokusen no ugoki peut être décrit comme le mouvement le plus rapide et le plus bref sans heurter la force d’aite. Cela ne signifie pas forcément la ligne droite. Hitochoshi no ugoki est quand à lui, un mouvement qu’on réalise sans force et où tout travail en même temps. On ne se sert pas de l’élan.
En remplissant l’ensemble de ces conditions, le mouvement disparait dès le début. On acquiert cela par la répétition des kata, mais en vérité c’est une tache extrêmement difficile qui ne peut être enseigné par la parole.


一調子- hitochoshi, 順体法- juntaiho, 直線- chokusen, 浮身- ukimi, 無足の法-musoku no ho


Juntai ho
Asobi geiko: Bouger le buste en consolidant le haut et le bas, la droite et la gauche
En se laissant saisir le bras à hauteur du visage, est-on capable de bouger en conservant sa posture? Si on agit avec le corps d’un bloc, au moyen de Juntai, le partenaire est mis brusquement en mouvement à partir des hanches.
D’ordinaire, si on pense à aller vers la droite, on frappe du pied droit, et inversement si on veut aller à gauche. Mais ce n’est pas correct car on fait naitre un heurt. (Dans ce cas-là, le partenaire ressent la force dans les jambes et il a la sensation de pouvoir facilement résister) Crée-t-on, oui ou non, un choc? Le partenaire ressent-il, oui ou non, de la force dans les jambes? Est-il, oui ou non, brusquement déséquilibré au niveau des hanches?
C’est là-dessus qu’on met l’accent. Cela ne concerne pas le corps (physique). On déséquilibre un point, le centre d’abstraction et on se focalise sur le fait de couper.




Asobi geiko: Déséquilibrer le partenaire en saluant.
Le partenaire assure une prise du bras droit en se tenant bien droit. Il saisit le poignet droit de sa main droite et assure sa prise au moyen de sa hanche droite. Il immobilise l’épaule droite par le bas avec sa main gauche.
On bouge avec l’articulation de la hanche sans se plier. On se sert de Juntai, le buste droit. On veille au cours du salut à ne pas se servir de la force des jambes et à ne pas frapper du pied.





Asobi geiko: sumo du bras
Il s’agit du sumo du bras (NdT: bras de fer) avec Juntai, en se mettant à plat ventre. Au commencement, on apprend à réaliser cette exercice avec la paume, sans force, puis de la même manière, on le fait avec un doigt.
En conservant formellement la posture, on redresse le corps. On prend garde de ne pas se retourner (briser) le doigt en mettant de la force.




Asobi geiko: sumo du bras en se tenant sur une jambe
Il s’agit là encore d’un sumo du bras, en se faisant saisir un doigt, mais en posture debout cette fois-ci. Comme Juntai est un usage fondamental du corps, si on dévie, on se retrouve déséquilibré par sa propre force. On prend profondément conscience (NdT: au moyen de cet exercice) de la situation où il n’y a pas de résistance.





Musoku no ho
Asobi geiko: permutation du corps (substituer la jambe gauche à la droite)
Tori est en hanmi. Uke maintient de ses deux mains, le haut et le bas de la jambe avant. Il s’agit de ne pas transmettre à uke le mouvement des tendons et nerfs au niveau de la cheville et du tibia (normalement il y a une palpitation lorsqu’on approche la jambe droite).




Asobi geiko: balayage de la jambe (Ashi barai)
Uke se tient (équilibré) sur les deux jambes. Tori balaye une des jambes. Une fois déplacé le centre de gravité dans une jambe, la jambe balayé ne peut plus bouger. Si on déplace le centre de gravité, on ne peut pas balayer avec légèreté.




Asobi geiko: se relever sur un seul rythme
Dans la situation où, allongé sur le dos, on a le poignet et le coude immobilisé. A partir de là, on se relève d’un seul tenant. Cela s’accompagne d’un décrochage du bras.
On n’utilise pas l’élan (contrecoup) en frappant le sol de la jambe. Ce mouvement qui fait partie de la méthode Musoku, devient en même temps un mouvement de la méthode Juntai.




Ukimi
Asobi geiko: variation dans la position Ichimonji goshi à partir de seiza


*** La posture Ichimonji goshi démontré par Kuroda Yasuji***


Uke attrape avec légèreté la main droite de Tori. Tori se relève du pied gauche en se servant de Ukimi, sans frapper du pied le sol. Puis il se relève en passant dans la position Ichimonji goshi. Au cours du mouvement, Tori ne doit pas transmettre d’ « agitation » à Uke. Si on utilise la force, cela finit par un échec (Uke est alerté). Si Uke détecte le mouvement, il réagit automatiquement en, par exemple, tordant la main, etc.
Normalement, en bougeant le centre de gravité, on avance le pied en s’arc-boutant sur la jambe arrière, mais ici, on n’utilise pas du tout les muscles servant à se lever d’ordinaire.
On se lève en Ichimonji goshi en faisant tomber le centre de gravité en avant. Faire Ukimi à partir de la position assise du Iaijutsu est un entraînement pour éliminer « le mouvement ordinaire pour se relever » .




Asobi geiko: Ukimi (accompagner la main vers l’épaule droite de Uke)
Les deux partenaires se tiennent tous deux en seiza. Au moment où il avance le pied droit,
Tori accompagne les deux vers l’épaule droite de Uke. Si Uke peut deviner ce mouvement, il retire son épaule (Il doit bien regarder Tori).
On efface le mouvement des deux mains, ainsi que l’apparence, et on écarte les mouvements de « dispersion » et de frappe dans le sol (C’est terminé au moment où on a déplacé le centre de gravité dans le pied gauche. Ce n’est pas un mouvement où on fait de la jambe l’axe. On n’utilise pas les jambes.







Chokusen no ugoki
Asobi Geiko: Dégager le bras
Uke immobilise le bras de Tori (en utilisant la forme Hiji Kime). Tori change l’utilisation des muscles lors du mouvement de « décrochage » du bras (On n’initie pas le mouvement à partir des muscles du dos). On ne monte pas l’épaule. Le bras disparait. Uke a la sensation que le bras est retiré directement, tout droit, d’un coup. C’est ce qu’on appelle « Shin no chokusen », la véritable ligne droite.





Asobi Geiko: Tometsuki
Uke maintient fermement la main droite de Tori en la posant sur la hanche de ce dernier. Tori pique directement en diagonal vers le haut. En cas de heurt, le mouvement est facilement arrêté.





Asobi Geiko: Suburi avant-arrière
Uke maintient légèrement du bout des doigts l’extrémité du sabre de Tori. Tori, calmement, exécute le suburi avant-arrière (La question est de savoir si, oui ou non, on est capable de bouger). Le corps ne doit pas vriller. La variation du sabre sur un seul rythme est importante.




Asobi Geiko: Kesa Giri (droite-gauche)
Tori prend une posture (kamae) Kesa Giri haute en Ichimonji goshi et fait face à Uke. Ce dernier maintient les deux poignets de son partenaire. De là, Tori coupe vers le bas. Cet exercice permet de savoir où sont les difficultés pour la garde
haute. Il ne faut absolument pas tordre les hanches dans la direction de la coupe. On comprend également les mouvements qui s’opposent au « balancement » du sabre.







Hitochoshi no ugoki
Asobi Geiko: Action de la pointe du sabre
Uke adopte une posture Ichimonji en tenant le sabre devant les hanches. Tori frappe à partir d’une position où le sabre est légèrement relevé. Est-il possible, oui ou non, de faire résonner la frappe dans les bras et les mains.





Asobi Geiko: Bouger trois points (poignet, coude, épaule) en même temps
Tori est en position avec le bras horizontal. Uke maintient le poignet et le coude. Est-on capable, oui ou non, d’accomplir un mouvement courbe en faisant glisser en même temps les trois articulations. Pour chaque mouvement, en cas de choc, cela s’arrête.





Asobi Geiko: Déséquilibre de la troisième forme de Jitte
Tori ne se plie pas en deux mais fléchit au niveau de l’articulation de la hanche. Il n’y a absolument aucun force.






Kuroda Yasuji, le virtuose